Le principe est de couler le plomb d'une pièce. La préparation est longue mais le résultat instantané! Il faut être très soigneux pour réaliser la coulée d'un coup. Si on doit s'y prendre à deux fois, cela veut dire que du plomb liquide arrivera sur une surface froide, ce qui est vraiment à éviter car le plomb chaud adhère mal au plomb froid. Pour cette entreprise, j'ai été aidé par un professionnel, Jean François Daniel, qui a une bonne expérience du sujet; mais eu égard aux moyens employés, cette opération peut être tentée par un non initié s'il suit scrupuleusement les indications ci-dessous. En effet, il n'y a pas d'outillage professionnel, rien que des gamelles et des tuyaux de récupération chez le ferrailleur. C'est une opération à laquelle il faut penser dès le début de la construction car il faut compter du temps pour bien laisser sécher le moule en béton et aussi, ou surtout, pour trouver les gamelles de 10 litres minimum et les tuyaux souples en inox. Cela exigera de passer assez souvent chez le ferrailleur, surtout pour les tuyaux assez rares.
Le moule est incliné de 25 degrés environ et bien soutenu en tête et au milieu; il sera aussi bloqué sur l'arrière pour éviter un éventuel glissement (le poids total rempli de plomb approchera la tonne). Un échafaudage est construit autour destiné à supporter les bruleurs + les gamelles + le plomb fondu... environ 630 kilos. Le mieux est d'utiliser des parpaings de 20x20x50 et autres tréteaux de maçons comme sur la photo. Si les bruleurs sont trop près des planches de l'échafaudage, il faut légèrement les surélever car ils vont chauffer à plein régime et le bois risque de s'enflammer. Chaque gamelle doit pouvoir contenir 10 litres de plomb, soit 113 kilos environ. Il ne faut pas dépasser ce volume, ce poids, car il y a un danger manifeste. Les gamelles ne doivent pas être en aluminium, même épais car on est amené à utiliser un chalumeau à un moment ou un autre et la chaleur dégagée par le chalumeau et appliquée ponctuellement peut percer l'aluminium. Chaque gamelle est percée de manière à fixer une vanne ordinaire quart de tour (vanne d'un demi-pouce). Il ne faut pas oublier les rondelles larges et le mastic d'étanchéité pour poêle, cheminée, etc., il faut être sûr qu'il n'y aura pas de fuite. Ces vannes sont à levier et non pas à robinet pour faciliter leur manipulation avec gant de cuir quand les gamelles sont pleines de plomb fondu... Elles sont fixées immédiatement aux fonds des gamelles pour qu'elles soient très chaudes à l'aide de rondelles larges et de mastic pour étanchéifier les poêles. Ce point est très important car une fuite signifie que vous devrez réparer et donc arrêter la chauffe de tous les autres gamelles! Ensuite, les vannes seront reliées au moule par du tuyau souple en inox que l'on peut trouver avec les gamelles chez un grand ferrailleur (j'ai dû passer une quinzaine de fois avant de trouver mon bonheur) Les tuyaux seront bloqués avec un serflex coté vanne et avec du ciment rapide côté moule. Il est extrêmement important que ces tuyaux soient les plus courts possible (<50 cm) et que la pente de remplissage soit raide... sans quoi, le plomb pourrait gélifier dans le tuyau et alors l'opération serait à recommencer complètement. C'est pourquoi il faut s'assurer que les leviers de vannes soient bien perpendiculaires au sens de remplissage pour être sûr que le plomb ne passe pas au goûte à goûte. Pour le gaz, il faut du propane qui chauffe bien mieux que du butane. Les bruleurs doivent être puissants, genre brûleur à lessiveuse. Il faut que les vannes soient très chaudes, donc le plus près possible des brûleurs (à les toucher). Quand tout est prêt, il ne reste plus qu'à chauffer le plomb, écumer, etc. Quand le plomb est bien fondu, bien chaud et bien écumé, c'est le moment d'ouvrir les vannes quart de tour. Pour cela on prépare le chalumeau, on chauffe les vannes plus ou moins bloquées par le plomb (même si le plomb est bien liquide dans les gamelles, il peut avoir gélifié un peu au niveau des vannes) Alors, c'est le grand moment! Des semaines d'efforts vont se concrétiser en quelques secondes...on ouvre les vannes en commençant par celle qui vous semble la moins chaude (la plus éloignée du bruleur ou près d'un bruleur de moindre puissance) ou alors la moins accessible si les bruleurs sont égaux. Il faut bien observer que la gamelle se vide (et donc que le plomb s'écoule), sans quoi il faut continuer de chauffer la vanne au chalumeau. Il ne faut pas traîner car le plomb arrivé au fond du moule commence assez rapidement à gélifier. A la fin de l'écoulement, il faut pencher les gamelles pour récupérer les derniers petits volumes de plomb fondu. C'est à ce moment que des scories en surface peuvent entrer dans les tuyaux et les boucher, ce qui sera à vérifier car il y a un deuxième saumon à faire. Pour le deuxième saumon, il est impératif de ne pas utiliser les mêmes vannes car si les joints ne sont pas détruits, ils en ont pris un coup !!!
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